La cartographie libre : rouler au-delà de Google

Tout le monde connait Google Maps. Si ce service de cartographie en ligne est très performant pour certaines tâches, il ne vient pas sans ses nombreuses critiques et ses défauts. Google n'est pas réputé pour la protection de la vie privée, et leur mandat de cartographier toute la planète n'est pas un succès total non plus. Pour calculer la durée d'un trajet en voiture en tenant compte de la circulation actuelle, ou pour trouver un restaurant ouvert avec d'excellents avis, c'est un bon choix, mais pour les déplacements à vélo, il y a d'autres services à privilégier.

Vive la cartographie libre!

OpenStreetMap à Lennoxville (Sherbrooke).

Lancé en 2004 par l'Anglais Steve Coast, OpenStreetMap (OSM) est un projet collaboratif de cartographie web libre (open source) et gratuit. En créant un compte, il est possible d'aller ajouter un commerce, un abreuvoir ou un sentier pédestre qui manque. On peut voir énormément de détails que Google ne montre pas. Dans certains voisinages, même les entrées et sorties des bâtiments s'affichent sur la carte! Mais il y a bien plus...

OSM pour les cyclistes

OpenStreetMap existe en différents rendus. Si OSM était de la crème glacée vanille, il y en aurait aussi au chocolat, aux fraises, et à plusieurs dizaines d'autres saveurs. Les deux plus populaires pour les gens se déplaçant à vélo sont CyclOSM et OpenCycleMap. Seul le premier est libre de droits, mais le deuxième reste gratuit à l'utilisation. Les deux offrent une apparence qui diffère l'un de l'autre, mais dans les deux cas, mettent l'accent sur les aménagements et services utiles aux cyclistes.

CyclOSM dans Rosemont–La-Petite-Patrie (Montréal).

OpenCycleMap dans Rosemont–La-Petite-Patrie (Montréal).

Il y a des rendus qui sont axés sur le transport en commun, la navigation sur l'eau, l'aide humanitaire, etc. Il est même possible d'en créer ses propres!

Bâtir son itinéraire

Pour trouver le meilleur trajet entre deux points, il faut deux éléments : une carte, ainsi qu'un service de calcul d'itinéraires. Google Maps intègre les deux dans sa plateforme. Le calcul d'une trajectoire est aussi possible sur OpenStreetMap par l'entremise de GraphHopper et OSRM, tandis que CyclOSM envoie l'usager vers le site du client web BRouter.
Certains services offrent la possibilité d'ouvrir un compte, sauvegarder ses trajets, ajouter des photos et partager ses itinéraires avec d'autres. Ils présentent leurs propres rendus, mais donnent la possibilité de visualiser d'autres aussi, comme celui d'OSM. Plusieurs ont développé une application, sinon il est souvent possible de se servir du site web sur son téléphone. En voici quelques exemples, en ordre de préférence personnel :

Calculateur	Avantages	Inconvénients
cycle.travel	– Simple à utiliser. – Calcule la proportion de pistes cyclables, de gravier, etc. – Divise un long trajet en étapes. – Suggère des hébergements le long d'un parcours. – Suggère des boucles à partir d'un point de départ. – Ne nécessite pas un compte pour l'utilisation simple.	– La cartographie satellite nécessite une contribution monétaire. – Ne permet pas de tracer une ligne droite (hors-route) sauf pour aller vers un point situé sur une route existante. – La traduction du site en français n'est pas complète. – Pas d'application, par contre le site mobile est bien fait.
Ride with GPS	– Contient les rendus d'OSM, OpenCycleMap, Google Maps (carte et satellite), et plusieurs autres. – Un itinéraire dans le planificateur non sauvegardé sera gardé en mémoire longtemps après avoir fermé le site web ou l'application. – Site web rapide.	– Impossible de sauvegarder un itinéraire dans l'application. – Plusieurs fonctionnalités banales comme changer la couleur d'un tracé existent sont impossibles sans abonnement payant.
komoot	– Possibilité d'analyser le parcours selon le type de chemin ou la surface. – La création d'un itinéraire se fait selon plusieurs profils possibles de cycliste.	– Le site web est plus lourd et lent, par exemple lorsqu'on modifie un trajet.
Strava	– Offre des fonctionnalités intéressantes aux athlètes. – La carte mondiale des activités (heat map) montre les routes plus fréquentées par les utilisateurs.	– Il faut souvent se reconnecter. – La version gratuite est assez limitée. Il n'est même pas possible de créer un itinéraire.
bikemap	– Possibilité d'ajouter des points d'intérêt sur le parcours (étapes, eau potable, etc).	– Le rendu d'OpenCycleMap n'est même pas inclut dans la version gratuite. – Le site web est plus lourd et lent, par exemple lorsqu'on modifie un trajet.

Tous ses services offrent la possibilité de créer un itinéraire et de le sauvegarder en tant que fichier GPX (et parfois en différents formats). Vous n'êtes pas obligé de continuer à utiliser la même application. Ce fichier peut être importé dans d'autres applis plus conviviales pour l'utilisation sur téléphone cellulaire.

OSM en format de poche et hors-ligne

Sur la route, il faut être capable de consulter son trajet, mais aussi de rapidement trouver une solution de rechange si un chemin est fermé, ou si on opte pour un nouveau parcours de façon spontanée. Cela peut être compliqué lorsqu'on n'a pas de réseau cellulaire. Plutôt que de payer pour une version prémium d'une application pour rendre cela possible, on peut simplement télécharger ce qui est selon moi la meilleure application de cartographie sur petit écran : OSMAnd.
Quoique même ce logiciel libre ait deux versions, dont une payante, si vous utilisez Android, vous avez de la chance! La version payante est disponible gratuitement (légalement aussi) en tant que fichier APK, un format d'installation direct sans passer par le Play Store, ou bien dans le catalogue de logiciels libres F-Droid. Dans les deux cas, lorsque demandé, il faudra donner des permissions à son appareil d'installer des applications à l'extérieur de Google Play. Dans le deuxième cas, il faudra aussi télécharger F-Droid. Pourquoi rendre gratuite la version complète? Probablement pour permettre aux citoyens d'améliorer l'application en ajouter des voies, des points d'intérêts et corriger des incongruités.
Si vous avez la malchance d'utiliser un iPhone, ne vous désespérez pas. Vous aurez plus tard la possibilité de faire de meilleurs choix dans votre vie, mais pour l'instant, vous pouvez avoir accès à la plupart des fonctionnalités avec la version de base.

OSMAnd en mode navigation.

L'analyse d'un parcours sur OSMAnd.

La visualisation des sentiers dans un parc national et l'utilisation de deux rendus en même temps.

Pour en tirer pleinement profit, veuillez suivre ces étapes.

1. Installez l'application.
2. Téléchargez la carte générale du monde, puis celle du Québec ou tout autre territoire désiré.
3. Dans Gestionnaire de greffons, activez Courbes de niveaux et téléchargez les courbes de niveau de votre région, à moins que vous ne rouliez que sur du plat.
   
4. Basculez l'appli en mode vélo.
   
5. En paramétrant la carte, cliquez sur Sur-couche de carte..., choisissez le rendu Microsoft Hybrid, puis activez l'option Afficher le curseur de réglage de la transparence. Vous pourrez maintenant basculer entre la carte hors-ligne par défaut et l'imagerie aérienne de Bing, ou les superposer ensemble.
   
6. Au besoin, il y a amplement de tutoriels sur le sujet, dont ici. L'application n'est pas aussi simple à utiliser que Google Maps, mais offre énormément d'outils pour les déplacements à vélo, à pied ou en voiture.

OSMAnd sur stéroïdes

Lorsqu'on commence à utiliser OSMAnd pour mesurer un itinéraire, on se rend compte de la lenteur de son propre service de calcul. Vous vous souvenez de BRouter.de? Eh bien, il est possible de l'intégrer à l'appli pour avoir de meilleurs trajets, plus rapides à calculer, sans réseau! Le processus est un peu complexe, mais ça vaut la peine d'essayer!

Le gouvernement peut tout voir

Le HD jusqu'au chalet! (Non, ce n'est pas une publicité pour un fournisseur Internet.)

Alors qu'on est habitué de se servir de Google pour observer le toit de la maison voisine, j'ai récemment découvert l'imagerie aérienne du gouvernement québécois. La résolution est spectaculaire et permet d'aller voir de quoi ont l'air les routes dans la jungle boréale. En mode avancé, il est même possible de superposer un tracé GPX ou KML, histoire de le comparer à l'imagerie. Un incontournable pour le bikepacking!

Créer de belles cartes interactives

Si vous voulez prendre vos GPX et vos points d'intérêts et tout mettre ça sur une carte interactive, il faudra se servir de uMap. On peut personnaliser énormément le produit final, et même l'intégrer à son site web ou son billet de blogue comme celle ci-dessous qui apparait sur mon site web. C'est gratuit et open source!

Voir en plein écran

Trancher ou convertir un tracé

Si vous avez créé l'itinéraire d'un voyage idéal, mais que la version gratuite du site que vous utilisez ne permet pas de le séparer en deux, il est possible d'effectuer cette opération délicate dans gpx.studio et de l'exporter par la suite. Pour convertir un gpx en kml ou vice-versa, ce site web permet de le faire. Cela peut être commode pour analyser un tracé dans Google Earth, par exemple.

L'angle mort de ce billet de blogue

À noter que je n'évalue pas les services de navigation vocale qu'on utiliserait sur la route. Personnellement, j'ai très peu d'expérience avec ces fonctionnalités que je ne me sens pas apte pour en parler. Mais sachez qu'OSMAnd offre cette possibilité. Ne négligez pas la bonne vieille carte en papier qui ne mettra pas votre pile à vide, et surtout, amusez-vous sur la route! Et si vous aimez l'utilisation de la cartographie libre, n'hésitez pas à contribuer en ajoutant des points manquants dans OSM!

Pour en connaitre davantage sur la cartographie libre

Utiliser OpenStreetMap
Contribuer à OpenStreetMap
Tutoriels OpenStreetMap