Et si le mont Royal entrait en éruption...?

Et si le mont Royal était un volcan actif, d'abord?

Mieux vaut commencer par une mise en garde : le mont Royal n'a jamais été un volcan. Il s'agit plutôt d'une montée de magma qui n'a pas réussi à voir la lumière du jour. Le scénario qui suit est alors 100 % fictif.

Puisque notre montagne fait partie d'une chaine de collines, les Montérégiennes (10 sommets et 3 intrusions), on va imaginer que l'activité volcanique pourrait surgir n'importe où parmi les autres points chauds de la région, soit de Saint-André en Argenteuil jusqu'au mont Mégantic en Estrie. Davantage de volcans, davantage de scénarios intéressants!

Rappel : ce scénario est FICTIF!

En 2016, j'ai créé un «documenteur» sur le sujet, à l'aide de quelques amis et collègues. L'histoire rapportée dans la vidéo diffère légèrement de ce qui est décrit en bas.

La fondation de Ville-Marie

• ca. 6 000 av. J.-C. : la dernière éruption connue du Mont Royal. Il n'y avait aucun témoin pour y assister.
• ca. 2 000 av. J.-C. : l'arrivée des Iroquoiens du Saint-Laurent sur le territoire montréalais et fondation de Hochelaga.
• 1058 : Une éruption explosive du Mont Mégantic fait neiger des cendres jusqu'à l'emplacement actuel de Portland (Maine).
• 1535 : première visite des Français par l'équipage de Jacques-Cartier. Ils rencontrent les Autochtones qui vivent dans leur village près de la montagne.
• 1608 : lors du passage de Samuel de Champlain, on remarque que le village de Hochelaga n'y est plus. Aujourd'hui, une des théories soulevées par les historiens s'agit de celle des émanations toxiques de gazes volcaniques.
• 1642 : ça y est! On fonde une colonie. Montréal est habitée par des Français. Nos fondateurs n'ont aucune idée de la soupe toxique qui existe sous leurs pieds.
• 1760 : La Nouvelle-France passe aux mains des Anglais.
• 1867 : Le Canada devient un pays.
  

La colonie française à ses balbutiements.

Le réveil du monstre

• Mars 1947 : quelques séismes de magnitude 4 et 5. De plus, de l'activité géothermique est détectée aux abords du lac aux Castors. Le volcan se calme par la suite, mais les citadins savent maintenant à quelle menace ils feront face si le mont Royal décide de se réveiller de nouveau.
• 1956 : L'Institut volcanique du Québec est fondé, ayant comme mission de surveiller et d'étudier les menaces géologiques du sud du Québec.
• Années 60 : Par rapport à ce danger, Montréal se développe avec beaucoup d'étalement urbain. Expo 67 n'a jamais eu lieu.
• Décembre 1969 : une petite coulée de lave au mont Saint-Bruno emporte quelques maisons en plein réveillon de Noël. D'autres évacuations préventives ont lieu dans les prochains jours.
• Juillet 1976 : Laval accueille des milliers d'athlètes à son nouveau stade olympique. Cette banlieue se développe rapidement pour devenir une ville importante de la région métropolitaine.
• Novembre 1982 : Semant de la controverse, le maire Jean Drapeau n'est pas réélu à la suite à sa promesse de bâtir un mégahôpital à quelques kilomètres du volcan. Celui-ci sera finalement bâti à Verdun.
• Aout 1996 : Cette fois, c'est à Sainte-Julie que les coulées de lave du mont Saint-Bruno vont causer des dégâts. Tout le secteur au sud de l'autoroute 20 est évacué et l'accès devient interdit au public.

Le début de la fin

• Janvier 1998 : une énorme tempête de verglas a lieu dans le sud du Québec et dans l'est de l'Ontario.
• 11 février, 9 h 45 : un séisme de magnitude 4,4 frappe Montréal, ce qui n'est pas anormal depuis le réveil de la montagne en 1947. Les géologues ne craignent pas le réveil du volcan.
  
• 14 février 18 h 01 : une miniéruption prend la population par surprise. Une légère colonne de fumée s'élève au-dessus de la ville. L'ordre d'évacuation est lancé sur-le-champ. Dans les prochaines heures, la chaleur dégagée fait fondre les quantités astronomiques de glace près du cratère, enchainant une coulée de boue volcanique, bref, un petit lahar. Ce tsunami de mort descend à toute vitesse et ramasse tout sur son passage. Deux-cents personnes à Westmount et dans Saint-Henri sont mortes dans ce désastre sans précédent.
  
• 19 février 13 h 50 : après quelques jours d'inactivité, les volcanologues écartent tout autre danger, et tout le monde rentre à la maison!
• Avril 1998 : Montréal modernise son plan d'urgence pour contrer toute éruption future qui pourrait aussi bien être effusive (avec de la lave s'avançant lentement) qu'explosive (avec de la nuée ardente). Il ne faut pas oublier que la nuée ardente peut voyager plus vite qu'un train à grande vitesse, et qu'à l'intérieur de ces nuages toxiques, la température peut atteindre 500 °C!
  

L'éruption de la Saint-Valentin, 1998.

Puis un jour...

Le 31 mai 2019. Ce matin, la terre a tremblé. Vingt-huit petites secousses suivront sous peu. Vers l'heure du souper, le parc du Mont-Royal est officiellement fermé compte tenu de l'activité volcanique qui a resurgi. On évacue par précaution les résidences à 1 km du cratère, et on ferme le chemin de la Côte-des-Neiges. Le lendemain, l'activité incessante force les autorités à mettre en action le plan d'urgence.

• Zone 1, cinq kilomètres du cratère, population de 413 000.
• Zone 2, dix kilomètres du cratère, population de 599 000.
• Un total de 1 012 000 personnes à évacuer dans le pire des scénarios.

Les experts s'entendent sur une éruption EXPLOSIVE avec de la nuée ardente. Impossible de prédire la date exacte de la catastrophe, mais tout pointe vers une éruption dans les deux prochaines semaines!

Les zones 1 et 2 du plan d'évacuation

Évacuation totale!

On a cinq jours pour évacuer près d'un million de personnes. Voici comment la Ville compte s'y mettre.

Navire de marchandise. La garde côtière a été appelée en renfort. Quelques lignes de croisières fluviales et de traversiers y contribueront aussi à l'évacuation.

Train. Les trains de banlieue EXO et les trains de Via Rail serviront à évacuer près de 80 000 personnes à l'heure vers toutes les directions. Par contre, le tunnel sous la montagne est fermé pour des raisons évidentes.

Autobus. Les autobus vont être essentiels pour déplacer les gens vers les centres d'hébergement lorsqu'ils auront débarqué d'un train ou d'un bateau.

Vélo. Pour réduire la congestion routière et les temps d'attentes aux gares, les gens sont encouragés à prendre le strict minimum avec eux et enfiler leurs vélos pour sortir de la ville.

Voiture. Comme dans tous les films apocalyptiques, de la congestion monstre est malheureusement inévitable puisque de nombreuses personnes voudront sortir de la ville en voiture. Certains attendront jusqu'à ce que ça soit trop tard, et périront dans un cocktail toxique de gazes volcaniques.

À suivre...

Pour en lire davantage...

http://www.pierrebedard.uqam.ca/mont-Royal/origine.html
https://www.ledevoir.com/societe/science/331619/le-mont-royal-un-volcan-eteint-ou-imaginaire
https://grandquebec.com/montreal-touristique/volcan-mont-royal/