En septembre dernier, j'ai relaté dans ma foire aux questions que la plupart des guides touristiques ne pratiquent pas leur métier en hiver, si ce n'est que pour faire quelques contrats. En octobre dernier, je me suis mis à la recherche d'un nouvel emploi saisonnier qui me permettrait d'arrondir mes fins de mois tout en gardant mon cerveau actif et motivé. C'est alors à la fois avec hésitation et trépidation que j'ai dépoussiéré mon brevet d'enseignement jamais utilisé, et que j'ai postulé pour la banque de candidature d'une des cinq commissions scolaires de l'agglomération montréalaise. Puisqu'il y a une pénurie de professeurs, la commission scolaire de mon secteur géographique et linguistique embauche présentement des enseignants non légalement qualifiés. Le processus d'embauche - la course vers l'enseignement Tout est arrivé très vite le 22 octobre dernier! Près de quatre minutes se sont découlé entre l'envoi de mon CV et leur appel téléphonique. Ils voulaient que je passe l'entrevue téléphonique le lendemain, mais je n'étais pas disponible avant le 29. 30 octobre : un jour après l'entretien, on me demande d'envoyer des documents «afin de poursuivre le processus de recrutement». 1 novembre : je suis déjà admis à la commission scolaire (conditionnel à la vérification de mes antécédents judiciaires), tout en étant invité à la prochaine séance d'engagement! 2 novembre : on prend l'occasion pour m'inviter à recommander d'autres candidats. Je ressens déjà leur exaspération quant à la pénurie de main-d’œuvre. 6 novembre : en sortant de la séance d'engagement, le téléphone sonne. La répartitrice m'offre du travail dans une école primaire pour le lendemain. Quoique mon diplôme consiste d'un bac en enseignement au primaire, j'ai postulé dans le but de travailler dans le secteur secondaire. Je décline gentiment l'offre. 16 novembre : après quelques journées où d'autres éléments ont préoccupé mon temps, j'ai visité deux écoles, dont celle de mon quartier, pour y amener mon CV et rencontrer les secrétaires. C'est la procédure à suivre pour travailler avec les adolescents. Il faut alors effectuer une tournée des écoles qui intéressent le suppléant potentiel. 19 novembre : en visitant la 4e école, on me demande de revenir dans deux jours pour effectuer une journée de suppléance. La première journée - une drôle d'initiation Ma première journée fut assez intéressante. Mon premier groupe était plutôt difficile à gérer. Si j'ai fait croire aux élèves que j'avais déjà fait de la suppléance dans d'autres écoles, une d'entre elles a tout de même précisé que j'ai besoin d'être «initié» à son établissement. Ça part mal! La semaine suivante, j'ai continué ma tournée des écoles. Arrivé au numéro 8, la secrétaire me demande de m'assoir et de ne pas bouger. J'ai senti que ça faisait longtemps qu'un nouveau prof s'était pointé à son institution. Elle remplit immédiatement une bonne partie de mon calendrier de la semaine. Ma «carrière» de suppléant venait de décoller. Mes coups de cœur - lorsque tout roule Commençons avec le positif. Être suppléant, c'est payant! Oui, soyons francs, il y a pire comme rémunération. Les salaires sont identiques partout au Québec, et les taux en vigueur d'une commission scolaire en Outaouais se trouvent ici. En travaillant trois périodes de 75 minutes, je gagne 220,64 $ (avec l'indemnité de 4 %), soit 58,84 $ de l'heure. Mais il y a plus important que l'argent. En tant que simple remplaçant, je ne fais pas de correction et peu de préparation. En plus, c'est rare que je doive «donner» un cours. Mon rôle consiste à prendre les présences, donner les consignes qui ont été laissées par le prof, et à m'assurer que le tout se déroule dans l'ordre et le calme relatif. Si les élèves sont civilisés, pourquoi pas une petite partie de bonhomme pendu à la fin? Les incitatifs fonctionnent bien. Vous vous réveillez un vendredi matin et vous ne voulez pas aller à l'école? Pas de problème! Vous voulez partir en vacances lorsque les billets d'avion sont moins chers, ou vous aimeriez travailler à temps partiel? En tant que suppléant, c'est possible. Travailler avec des adolescents me donne toujours le plein d'anecdotes. Même si le travail n'est pas toujours facile, j'en sors assez souvent avec un sourire quelconque. Travailler avec la future génération, c'est valorisant, sauf quand ça ne l'est pas. Les bémols du métier - être créatif avec les ressources limitées On relate souvent que la suppléance est une tâche ingrate. Les élèves testent systématiquement l'autorité de leurs victimes, sachant qu'ils ne sont pas toujours au courant des règlements de classe. Pas besoin d'écrire un roman pour relater cela! Il y a deux choses que j'aime bien avoir lorsque j'entre dans une école. La première s'agit d'une place pour laisser mes effets personnels et, lors des grands froids, mon manteau, foulard, mitaines, bottes, etc, avant que je devienne une rivière à sueur. La deuxième s'agit d'un ordinateur pour pouvoir utiliser le tableau numérique, ou bien de la craie pour le tableau noir, même si ce n'est que pour écrire mon nom de famille compliqué pour que les élèves puissent savoir comment m'appeler. Croyez-le ou non, mais ces deux choses ne sont pas toujours faciles à trouver. Se lever tôt pour ne pas savoir si on va aller travailler, ce n'est pas pour tout le monde. Heureusement, en cette période de pénurie, le téléphone sonne assez souvent, normalement entre 7 h et 7 h 30. Ce que j'en retiens D'ici une semaine, j'aurai complété 112 périodes, environ trois heures de surveillance, une journée blanche sur le mont Royal, ainsi que la supervision d'un examen ministériel. J'ai eu l'opportunité de remplacer dans toutes les disciplines et à tous les niveaux, et d'œuvrer à l'intérieur de cinq écoles. Je me suis trouvé face à des groupes d'accueil, devant parfois communiquer à l'aide de mon espagnol rudimentaire ou mon arabe encore plus superficiel. Je peux me considérer chanceux d'avoir fait tout ça en seulement cinq mois, sans jamais devoir corriger un examen, et pour un bon salaire en plus! De plus, malgré avoir travaillé avec des élèves ayant parfois des comportements dérangeants, je ne me suis jamais fait menacé par l'un d'eux, chose qui arrive parfois dans nos établissements. Est-ce que l'expérience est à répéter? Surement! Par contre, avant mon retour en classe prévu pour novembre, vivement la saison touristique!
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