Mythes météorologiques à Montréal

Parler de la météo, c'est ce qu'on fait quand on rencontre la belle famille pour la première fois, et on ne sait pas quel sujet aborder. Rien de controversé avec ça, non? Je dois avouer que lorsque la personne devant moi mélange grésil avec grêle, il m'arrive de grincer mes dents face à cette incongruité scientifique. Quels sont des mythes souvent propagés par les gens en général?

1. C'est l'automne. Il pleut beaucoup.

Si l'on parle de précipitations sous forme liquide et solide, ce n'est pas tout à fait faux. En ordre décroissant, on a novembre (96 mm), aout (94 mm) et octobre (91 mm). Par contre, mis à part février et mars où l'on reçoit moins de 70 mm de précipitations, il n'y a pas d'énorme différence entre la quantité reçue à l'automne versus les autres mois de l'année.
Si l'on ne regarde que la pluie, et qu'on exclut la neige, nos trois mois gagnants sont aout (94 mm), juillet (89 mm) et octobre (89 mm). Notre mythe est alors un mensonge.

Même les mois avec plus de 5 jours (en moyenne) de pluie de quantité importante (plus de 5 mm) sont de mai à aout. Ceci est probablement dû au caractère violent de certains orages que l'on reçoit par temps chaud. En examinant les données ci-dessus, il faut admettre que selon l'interprétation que l'on fait, l'été peut être aussi pluvieux, sinon plus, que l'automne.

2. On ne voit pas le soleil en hiver.

Tout le monde sait que les journées les plus courtes sont à l'automne et à l'hiver. Mais est-ce qu'on voit le soleil moins à l'hiver? En regardant l'insolation effective sur la page d'Environnement Canada, on voit que le total d'heures d'ensoleillement est le plus faible en décembre et novembre, suivi de janvier, dans cet ordre exact.
En regardant à côté de la ligne « % d'heures d'ensoleillement possible », on va chercher des données plus pertinentes. Considérant la longueur normale des journées, les mois avec le moins d'ensoleillement s'agit de... novembre, décembre et janvier.
On peut conclure que ce mythe n'est pas un mensonge, pourvu qu'on laisse février et mars vivre en paix.

3. Il y a de la neige et il fait -20 ° pendant quatre mois.

Oh là là! On l'a tous entendu, celle-là! On l'emploie lorsqu'on veut donner son opinion contre un projet de rue piétonne, piste cyclable, centre d'achat extérieur, etc. Regardons les données avant de dire n'importe quoi. À 2,7 mois avec 5 cm de neige ou plus sur le sol, on voit qu'on est loin de l'image qu'on aime propager par rapport à notre hiver.
Quant à la température, on descend à -20 ° seulement un total de 2 semaines par hiver. Si on parle d'un ressenti de -20 °, là, c'est un peu plus sérieux. On vit ces conditions pour un total de 6 semaines par hiver. Alors, qu'on se calme le popotin avant d'exagérer les conditions hivernales.

4. Les tornades, c'est pour les Américains seulement.

Ok bon, il y a peut-être une petite corrélation à noter entre les régions balayées par des tornades, et les régions où Trump est populaire. Est-ce que les tornades causent des dommages aux cerveaux des électeurs?

Quoiqu'un chasseur de tornades oklahomain n'a rien à envier de la Belle province, on recense au Québec, selon l'Institut national de santé publique, six tornades par année. La plupart sont des tornades de faible calibre, soit de F0 à F1. Les plus puissants sont de F5, mais les F4 et F5 se font toujours attendre au Québec.
Malgré le faible risque, c'est toujours une bonne idée d'avoir quelques connaissances de base par rapport à ce phénomène. Par exemple :

1. Quelle est la différence entre une tornade et un ouragan?
2. Que dois-je faire lorsqu'il y a une veille de tornade en vigueur pour ma région?
3. Comment dois-je paniquer, pardon, me préparer, si jamais une alerte de tornade est émise?
   
4. Est-ce que Dorothée trouvera le magicien d'Oz au bout de la route de brique jaune?

5. Le vent, tu l'as toujours dans la face.

Cette phrase est souvent répétée par les gens qui font du vélo, plus par loisir en campagne, que pour le transport en ville sur de courtes distances. Dans les grands espaces, on est davantage exposé aux caprices du vent. Or, le vent dominant à Montréal est celui de l'ouest, ou bien pendant la saison chaude, du sud-ouest. Pour une belle balade à vélo dans l'ouest de l'ile, par exemple, il est souvent mieux de prendre le train jusqu'à Ste-Anne-de-Bellevue et de rouler vers la maison, plutôt que de faire l'inverse.
Bien sûr, il y a des exceptions. En juillet 2015, j'ai fait Québec - Rimouski à vélo, vent (du nord-est) dans la face. J'ai passé 5 misérables jours venteux et froids (j'exagère... j'ai aimé mon périple!), suivis d'une belle journée ensoleillée et relativement chaude.

6. La météo se trompe toujours.

Si je tombe malade, je vais aller voir le médecin. Est-ce qu'il se trompe des fois? Oui. Est-ce que ça veut dire que je dois boycotter la médecine et essayer l'homéopathie? Vous voyez où j'en veux venir. La météorologie n'est pas rendue une science exacte. Une prévision pour le lendemain est souvent fiable, mais ne demandez pas aux experts quel temps il fera dans 10 jours. Alors quand je vois qu'AccuWeather donne des prévisions de 90 jours à l'avance, je me permets de douter de leur méthode scientifique.
Soyons patients. Lorsque j'étais jeune, les prévisions d'Environnement Canada s'étalaient pour 5 jours. Maintenant, on est rendu à 7, car la science s'est améliorée.

Source des normales climatiques pour Montréal : Environnement Canada.